Pour protéger votre troupeau, prenez un lama

Avec un bilan somme toute réjouissant pour le moment. «Il n'y a pas de potentiel de conflit comme avec des chiens de protection Patou et ces animaux n'ont pas besoin de nourriture puisqu'ils peuvent se nourrir sur place», explique-t-il, précisant que son troupeau compte 140 têtes à Leysin.
L'inimitié des lamas envers les loups ou les chiens errants est connue depuis des décennies, à tel point qu'ils sont également utilisés aux Etats-Unis pour protéger les troupeaux contre les coyotes. Matthieu Müller ajoute toutefois que les lamas représentent plus une dissuasion pour le moment car la pression des grands prédateurs est faible dans la région. Ils ont également l'avantage de pouvoir être présents là où les chiens de protection ne sont pas possibles.
Un grand pari dans la Weisstannental
La situation est tout autre dans la Weisstannental, à l'extrême-sud du Canton de Saint-Gall, où un éleveur fait garder son troupeau par un couple de lamas. Un projet pilote mis sur pied par WWF Est, Pro Natura et le Groupe Loup Suisse, alors qu'une meute de loups, la première en Suisse depuis le milieu du XIXe siècle, est signalée dans le massif voisin du Calanda dans les Grisons.
L'expérience sera suivie de près, ne serait-ce que pour évaluer l'efficacité des lamas en cas de forte pression de grands prédateurs. En juillet 2012, un loup avait tué cinq moutons à Escholzmatt dans l'Entlebuch malgré la présence de lamas. Les conditions d'engagement des lamas doivent être toutefois bien circonscrites: le troupeau ne doit pas être trop grand, ni le terrain trop étendu.
«Dans ce cas l'alpage était trop grand et les lamas n'avaient pas eu le temps de s'habituer qu'à un seul troupeau», a expliqué au Tages Anzeiger Daniel Mettler, chargé de la coordination nationale pour la protection des troupeaux.
Les grands prédateurs sont un choix de société
Si les lamas ne peuvent diriger les troupeaux comme les chiens de bergers, ils ont toutefois un autre avantage: avec une durée de vie de 25 ans, ils dépassent n'importe quel canidé. Et la formation d'un chien de troupeau coûte relativement cher. Son entraînement ne peut être démarré avant l'âge de deux ans et, après sept ans de services, un chien n'est plus aussi efficace.
Matthieu Müller, qui a également des chiens de troupeau, explique son intérêt pour les lamas par une curiosité scientifique. Ses petits troupeaux ne sont pas rentables, mais il s'investit toujours davantage par passion dans cette activité. Il pense toutefois que la recherche de mesures de protection pour les troupeaux va se poursuivre.
Il n'a rien contre les grands prédateurs mais il estime qu'ils doivent faire l'objet d'un débat. «C'est un choix de société mais il faut que la société l'assume. Regardez ce qui se passe en France: de grands moutonniers jettent l'éponge et quittent des alpages. Des régions redeviennent sauvages pour le plus grand bénéfice des grands prédateurs. Tôt ou tard, il faudra trouver une solution.» (Newsnet)
Créé: 16.07.2013, 16h25
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