mercredi 27 mars 2013

Moins de lapins en chocolat équitables que de bananes

Si une banane sur deux vendue en Suisse est issue du commerce équitable, nettement moins de lapins de Pâques se révèlent équitables. La raison: le chocolat contient différentes matières premières, ce qui complique une certification Fairtrade. «Un produit transformé comme le chocolat est généralement plus complexe par rapport à un article unique tel que la banane», indique Katrin Dorfschmied, porte-parole de la fondation Max Havelaar qui attribue le label de qualité le plus connu de Suisse.

Puisque, selon les standards du commerce équitable, l'ensemble des étapes de préparation d'un produit doit être intégré au système Fairtrade, tous les ingrédients du chocolat doivent être certifiés.

Pour le chocolat, en sus du sucre, les fèves de cacao sont au coeur du problème. L'introduction de standards prend du temps chez les producteurs. En Afrique de l'ouest, d'où provient quelque 72% de la production mondiale, il faut compter sur plus de 20 millions de fournisseurs. De surcroît, de nombreux cultivateurs ne savent ni lire ni écrire.

Certificats

«Les certifications chez nous ne sont pas difficiles», souligne pour sa part Raphael Wermuth, porte-parole de Barry Callebaut, premier fabricant mondial de chocolat et de produits à base de cacao. «Cela signifie toutefois un effort initial pour développer les connaissances auprès des coopératives et adapter les processus en conséquence.»

Une équipe de 20 personnes en Côte d'Ivoire prépare les coopératives à la certification au sein de Barry Callebaut. Celle-ci sera répétée ensuite chaque année. Le groupe zurichois offre à ses clients - l'industrie alimentaire et les professionnels (confiseurs, gastronomie) - des produits cacaotés avec tous les certificats courants.

Lente prise de conscience

En plus des gros producteurs comme Barry Callebaut, de plus petits fournisseurs de cacao sont également actifs directement sur place, comme l'entreprise Max Felchlin dont le siège se trouve dans le canton de Schwyz. «L'approvisionnement est complexe», relève le directeur général Christian Aschwanden.

La firme dit travailler dans des règles strictes qui lui sont propres et livre boulangeries, confiseries et gastronomie en spécialités chocolatées, telles que fourrage ou glaçage.

Les petites infrastructures agricoles rendent l'achat délicat. Les conditions politiques et structures économiques s'avèrent également des barrières.

Il n'empêche, la petite société schwyzoise collabore étroitement avec des coopératives locales, selon ses propres données. «Nous attachons de l'importance aux relations à long terme. Outre les prix et des conditions, la continuité repose sur l'équité», fait remarquer Christian Aschwanden.

Au sein des petites entreprises, il arrive même que des clients remettent du matériel scolaire et des livres pour les producteurs de cacao. Sur un front plus large, la prise de conscience des consommateurs quant aux conditions de travail et aux salaires des cultivateurs n'est pas encore évidente.

La Suisse comme étiquette

«Parce que la fève de cacao n'est plus reconnaissable dans le chocolat, les gens s'intéressent beaucoup moins à sa provenance et à sa production», observe Andrea Hüsser, experte de la Déclaration de Berne. «De plus, le chocolat a la réputation d'être un produit typiquement suisse, ce que personne prétendrait d'une banane», explique-t-elle. «Et les produits suisses ont une renommée en soi propre.»

Au moment de l'achat dans un magasin, les aspects durables des produits chocolatés jouent encore un rôle moindre, selon une porte-parole de Chocolat Frey. D'ici à la fin de l'année, l'assortiment complet du fabricant argovien de Migros arborera le label Utz, qui certifie une production durable respectant des critères économiques et sociaux.

Coop aussi a déjà entamé son offensive Fairtrade et converti son propre assortiment de tablettes de chocolat au commerce équitable. Selon Max Havelaar, le chocolat équitable ne détient, cependant, actuellement qu'une part de marché de 2%.

Mais la sensibilisation des clients croît, et ce aussi à l'égard des lapins de Pâques après les bananes. D'après la Déclaration de Berne, beaucoup reste à faire néanmoins. Dans un rapport que l'ONG a établi sur la base d'un sondage auprès de 19 fabricants de chocolat suisses, seuls deux ont obtenu une bonne évaluation, à savoir Halba, le producteur de Coop, et Pronatec. (ats/Newsnet)

Créé: 27.03.2013, 16h32

0 comments:

Enregistrer un commentaire