
Le groupe, qui s'est réuni tous les trois mois environ, se compose de dix personnes s'exprimant individuellement et non en tant que représentant des organisations dont certains font partie. Cela permet d'aborder tous les sujets de manière ouverte et scientifique, selon M. Galizia. Plusieurs initiatives sont en outre en cours dans différents cantons, a-t-il ajouté.
Initiatives cantonales
A Neuchâtel, le Service de la cohésion multiculturelle anime depuis 1997 un groupe de contact entre l'Etat et la communauté musulmane, a indiqué Raoul Lembwadio, chef de service et délégué aux étrangers. Cette structure cherche des solutions consensuelles aux difficultés quotidiennes.
A Bâle, la coordinatrice pour les questions religieuses Lilo Roost Vischer organise depuis 2007 une table ronde faisant le lien entre les autorités des deux demi-cantons, les communautés religieuses et la population. Son rôle, similaire à son homologue neuchâtelois, consiste à proposer des solutions concrètes aux problèmes quotidiens soulevés par ces trois entités, ainsi qu'à échanger des informations, a-t-elle expliqué.
Les deux demi-cantons de Bâle font état d'un manque de théologiens et de responsables qualifiés musulmans, a ajouté Mme Roost Vischer. Ils ne comptent que deux imams professionnels sur tout le territoire cantonal. Ceux-ci ont signé une convention d'intégration avec son service, qui exige entre autres qu'ils s'améliorent en langue allemande.
Chou blanc à Fribourg
L'Université de Fribourg et le Groupe de recherche sur l'islam en Suisse (GRIS) avaient tenté en 2009 de mettre sur pied un programme de formation pour les cadres associatifs musulmans. Celui-ci n'a pas vu le jour en raison d'un nombre de participants insuffisant, a rappelé Stéphane Lathion, père du projet.
Les sept modules portaient sur la théologie islamique, la gestion associative, les médias, l'histoire des civilisations de l'islam, la laïcité, l'intégration et la santé publique. Le cursus devait durer une année et déboucher sur un certificat. Le minimum de 12 participants exigé n'avait pas été atteint. On dénombrait sept musulmans parmi les neuf inscrits, dont trois femmes.
Craintes multiples
Le père du projet, Stéphane Lathion, voit plusieurs causes à cet échec. La plupart des communautés musulmanes ont fait preuve de retenue, craignant de se voir imposer une vision extérieure de l'islam. Le fait que les cours soient proposés en français a peut-être repoussé la majorité des musulmans de Suisse, d'origine turque, albanaise ou bosniaque.
L'Université de Fribourg s'est elle-même montré réticente au moment de concrétiser le projet, ajoute M. Lathion. Selon lui, «le fait de former des cadres musulmans n'était pas si bien perçu.»
Candidate déçue
«C'était une belle initiative qui n'a malheureusement pas abouti» regrette Mahou Batbout Laila, qui s'était inscrite au cursus. Membre du comité d'Espace Mouslima, l'association des Musulmanes de Fribourg, elle désirait obtenir un certificat pour renforcer la légitimité de ses interventions à la Haute école pédagogique (HEP) fribourgeoise, portant sur les enfants musulmans à l'école.
Elle a depuis changé de voie d'études et ne s'est en conséquence pas mise en recherche d'une formation équivalente ailleurs en Suisse. A sa connaissance, il n'en existe pas.
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