mardi 14 mai 2013

Avoir plus de vacances? Pas demain la veille!

Après le rejet de l’initiative «Six semaines de vacances pour tous» l’an dernier, le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS) proposait cinq semaines au moins pour tous. La Commission de l’économie du National n’a laissé hier aucune chance à cette initiative parlementaire. Pourquoi? Deux élus en débattent. Il faut être fou pour ne pas vouloir plus de vacances?

Mathias Reynard Dans les faits, la majorité de la population suisse a déjà cinq semaines de vacances par an. Mais les travailleurs sans CCT n’ont bien souvent que quatre semaines et sont ceux qui ont déjà le plus de difficultés. Il est déplacé de ne pas prendre en compte leurs souffrances!

Jean-Pierre Grin, conseiller national (UDC/VD) Non. C’est ce que les Français nous diraient, mais le peuple suisse est un peuple de travailleurs. Et il n’y a pas que les vacances: il y a aussi les horaires flexibles, les temps partiels. Ajoutons que les Suisses n’ont pas voulu de six semaines de vacances.

Plus de vacances, la meilleure solution contre le stress au travail?

M. R. Oui, c’est l’une des solutions. La productivité a augmenté de plus de 21% ces quinze dernières années et les salaires seulement de 4%. Nous devons permettre aux gens de profiter de leur productivité. Cela passe, au niveau de la santé, par des vacances supplémentaires.

J.-P. G. Non. Les enseignants ont 13 ou 14 semaines de vacances par années. Souffrent-ils moins de burnout? Je me demande si on peut mettre en relation les vacances et le stress au travail. C’est dans le cadre relationnel qu’il faut à mon avis mettre l’accent pour prévenir le stress dans son emploi. Et les entreprises s’en soucient.

C’est réaliste pour les employeurs?

M. R. Oui! La preuve, c’est que les CCT de secteurs fragilisés comme le tourisme ou l’hôtellerie prévoient cinq semaines de vacances. C’est bon pour l’économie, comme pour la société. Le stress au travail nous coûte 10 milliards de francs par an. Sans réaction politique, nous allons droit dans le mur!

J.-P. G. Non, difficilement. Il est plus aisé pour des grandes entreprises d’aménager cinq semaines de vacances que pour des PME, c’est clair. Ces dernières peuvent en revanche mettre d’avantage l’accent sur la flexibilité au travail. Et soulignons que les apprentis et les employés âgés ont déjà 5 semaines.

Pour vous, le travail, c’est la santé?

M. R. J’aime beaucoup travailler. Il y a un côté passionnel quand on fait de la politique. Mais ma philosophie, c’est qu’on doit laisser les gens travailler pour vivre, et non l’inverse! Aujourd’hui, le camp bourgeois doit respecter ce qu’il disait lors de la votation l’an dernier, à savoir que 6 semaines, c’est trop, mais 5, c’est envisageable.

J.-P. G. Ça dépend quel travail et comment il est pris. Celui qui va au travail avec un esprit positif trouvera son équilibre. Qui s’y rend à contrecœur risque le stress et des problèmes de santé. Qu’on ait 4, 5 ou 6 semaines de vacances n’y changera rien! (Le Matin)

Créé: 15.05.2013, 06h12

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