
– Comment téléphonez-vous au fait?
– Avec mon iPhone.
– Donc, théoriquement, cet entretien pourrait être intercepté par les services américains?
– Oui. Pour les discussions confidentielles, je n'utilise depuis longtemps que des lignes fixes.
– Les dernières révélations ne vous ont donc pas surpris?
– Depuis le Patriot Act, les agences américaines peuvent avoir accès à des entreprises privées quand elles ont le sentiment qu'elles ont besoin d'information. Cela concerne des sociétés de cartes de crédit, de télécommunication ou de transports ainsi que des bibliothèques ou encore les réseaux sociaux.
– On sait que les données de Facebook ou Youtube atterrissent chez ces agences américaines. Des informations privées sur tout le globe sont concernées. Que pouvez-vous faire?
– Relativement peu, voire rien du tout car les utilisateurs confient leurs données de leur propre gré à des entreprises américaines. Ils doivent savoir que ces informations partent en direction des USA, ils ont signé les conditions d'utilisation.
– Vous avez donc les mains liées?
– Nous faisons ce que nous pouvons: par exemple, nous indiquons que pour les solutions de stockage en ligne de style cloud, la protection des données aux Etats-Unis n'est pas la même qu'en Suisse. Nous recommandons d'autres solutions.
– Beaucoup de gens ne lisent pas ou ne comprennent pas ces conditions qui sont en anglais.
– C'est un gros problème. On veut un service, un produit, qu'on ne reçoit qu'en cliquant sur «j'accepte». On discute actuellement à l'échelle internationale sur la possibilité de forcer les entreprises à libeller des conditions qui éviteraient de tels cas entre les fournisseurs et consommateurs.
– Les requêtes sur Google (GOOG 669.07 0.76%) n'exigent aucun contrat mais ne sont pas protégées contre les agences américaines. Ne devriez-vous pas intervenir?
– Quiconque recourt aux services d'une entreprise américaine doit savoir que ses données sont stockées aux Etats-Unis. C'est son problème. Les entreprises se plient au droit américain et les agences de sécurité y disposent de droits d'empiètement très larges.
– Google a son siège européen à Zurich. Disposez-vous des moyens d'agir pour protéger les données des utilisateurs suisses de Google?
– Si ces données sont récoltées en Suisse et transmises sans autorisation aux USA, nous pouvons intervenir. Reste à savoir s'il faut une telle autorisation pour les requêtes via Google.
– Que faites-vous concrètement?
– Nous allons nous informer auprès de Google sur les procédés exacts. Des questions similaires seront posées à Facebook et à d'autres fournisseurs de services. Ce n'est pas toujours simple de recevoir des réponses, comme le montrent nos efforts avec d'autres Etats européens au sujet de Google Street View ou de Google Glass.
– Quelles sont les difficultés?
Les entreprises ne livrent pas de réponses satisfaisantes, voire pas du tout.
– Elles vous éconduisent.
Oui. Autrement, c'est plus prometteur, comme le trafic des paiements via Swift: si les serveurs sont déplacés en Europe ou en Suisse, cela nous facilite les choses.
– Votre adresse e-mail privée est hébergée sur un fournisseur suisse, à dessein?
– Complètement. Je n'utiliserai jamais Gmail ou un autre fournisseur de service américain. (Newsnet)
Créé: 10.06.2013, 12h11
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