mardi 2 juillet 2013

Les élus sont divisés sur l’octroi de l’asile à Snowden

Des élus politique jugent que l'espion doit être accueilli comme un réfugié en danger de mort. D'autres l'excluent et rappellent que les Etats-Unis sont une démocratie. La Suisse doit-elle accueillir Edward Snowden comme réfugié politique? Berne affirme cet après-midi, mardi, n'avoir reçu aucune demande en ce sens. Mais la question provoque déjà des réactions très contrastées aux chambres fédérales.

Sauver le soldat Snowden

Pour certains élus, il y a urgence à sauver Edward Snowden. «La Suisse n'a pas à être proactive dans ce dossier, mais si une demande est faite alors il faut absolument entrer en matière, pense le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE). L'ancien espion a dénoncé des dysfonctionnements majeurs d'un État de droit qui a violé la souveraineté d'autres pays.»

En cela Edward Snowden est «pareil à des dissidents chinois ou ces gens qui dénonçaient le système soviétique. La Suisse ferait un acte de souveraineté en l'accueillant sur son sol, elle serait fidèle à ses propres valeurs», considère le Genevois. Est-ce que la Suisse oserait se fâcher avec l'ami américain, vu le conflit fiscal avec Washington? «Je n'ose pas imaginer que le Conseil fédéral choisisse de donner la priorité à notre place financière en cédant à des pressions extérieures et au détriment de nos valeurs», avertit Carlo Sommaruga.

«Un vrai réfugié»

Cesla Amarelle (PS/VD) remet fortement en doute la possibilité d'accorder l'asile à l'Américain pour des raisons techniques. Mais sur le fond, elle est d'accord: «Il faudrait qu'il puisse en bénéficier, Edward Snowden est aujourd'hui un homme traqué, aux abois qui risque une justice d'exception voire la peine de mort. Il faudrait que le Haut commissariat aux réfugiés lui accorde le statut de réfugié.»

Un avis partagé à l'UDC. «Pour une fois qu'on a affaire à un vrai réfugié on va quand même lui offrir l'asile!» s'exclame Yves Nidegger (UDC/GE). Et d'ajouter: «Pendant la guerre froide on a eu le courage d'accueillir des dissidents. Je ne vois pas pourquoi on hésiterait aujourd'hui à mécontenter les Etats-Unis.»

«Pas question!»

D'autres disent non, à droite comme à gauche. Isabelle Moret, vice-présidente du PLR suisse, refuse de comparer la situation avec celle des dissidents soviétiques. «Les Etats-Unis ont un système de surveillance démocratique, tout comme la Suisse. Les agissements du gouvernement peuvent être contestés et dénoncés auprès des commissions du Parlement. C'est ce qu'aurait dû faire Edward Snowden, en toute légalité.»

«Sur le principe, ajoute la Vaudoise, pas question d'assimiler une démocratie à une dictature.»

Dénonciateurs mal vus

«Je ne vois absolument pas pourquoi la Suisse devrait accorder l'asile à Edward Snowden, renchérit Christophe Darbellay, président du PDC. Expliquez-moi sur quels critères! Edward Snowden devra peut-être répondre à la justice de son pays, mais je ne vois aucune violation des droits humains là-dedans.»

Yvan Perrin (UDC/NE) estime que «ce n'est pas le moment de se fâcher avec les Etats-Unis. Edward Snowden a demandé l'asile dans de nombreux pays, je ne vois pas pourquoi la Suisse devrait forcément l'accueillir. Vladimir Poutine se fera sans doute un plaisir de lui offrir l'asile en échange de quelques d'informations.»

Le conseiller aux Etats Robert Cramer (Verts/GE), pense à titre personnel que «l'asile devrait être accordé à Edward Snowden. Mais ce n'est absolument pas réaliste, cela n'arrivera sans doute pas. Et en Suisse les gens qui dénoncent leurs employeurs (whistleblowers), même pour de bonnes raisons, sont mal vus.»

(Newsnet)

Créé: 02.07.2013, 16h51

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