Les jeunes se ruent sur la chicha

Les faits, d’abord. Il devrait y avoir une hausse de plus 30% cette année par rapport à l’an passé, a révélé la Schweiz am Sonntag en se basant sur les données des douanes. En 2012, 184 tonnes de tabac pour pipes à eau ont été importées en Suisse. De janvier à mai, nous en sommes déjà à 97 tonnes. Si la tendance se confirme – ce que tout le monde croit –, on arrivera donc à plus de 230 tonnes pour 2013.
Avant? Impossible de le savoir: ces données spécifiques n’existaient pas. Mais «on peut considérer que les importations de tabac pour pipe à eau étaient négligeables avant 2012», nous indique Roger Brodbeck, de la section du Traitement des données de l’Administration fédérale des douanes.
L’attrait pour les narguilés est donc est donc en pleine expansion. «Ces chiffres correspondent aux observations: la consommation progresse dans tous les pays occidentaux, apparemment surtout chez les ados et les jeunes adultes», note le Dr Jean-Paul Humair, directeur du CIPRET-Genève. Un sondage téléphonique avait en effet montré en 2012 que ce sont surtout les jeunes qui craquent pour le narguilé. «Plus de 20% des fumeurs occasionnels de 15 à 19 ans s’adonnent à la chicha», indiquait alors le Monitorage suisse des addictions.
Porte d’entrée dans le tabagisme
Pourquoi ce boom spécialement chez les jeunes? «Cette forme de consommation peut attirer des non-fumeurs. La pipe à eau a un côté convivial. Et les parfums aromatisés, doux, diminuent le côté âcre et désagréable du tabac. Ça peut donc malheureusement être une porte d’entrée dans le tabagisme», répond Jean-Paul Humair.
Outre le danger de commencer par quelques bouffées de chicha avant de devenir dépendant de la clope, le principal problème avec le narguilé est qu’il est souvent perçu comme sans danger. «Cette impression très commune est complètement fausse. Avec le narguilé, on fume plus longtemps, on inhale plus profondément et le charbon brûlé dégage des substances nocives», explique Corine Kibora, porte-parole d’Addiction Suisse. «Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’eau ne filtre pas les substances toxiques. Et même si la comparaison est difficile, on peut estimer qu’une pipe à eau peut dégager l’équivalent en fumée allant jusqu’à une centaine de cigarettes», ajoute le Dr Humair.
Pour dissuader les adeptes, les pros de la prévention ont encore un dernier argument dans leurs manches. Partager une pipe à eau, c’est prendre théoriquement le risque d’attraper la tuberculose. Et, plus fréquemment, un herpès. (Le Matin)
Créé: 16.07.2013, 14h32
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