Un Aiglon décroche 27,2 millions de francs

L’heureux vainqueur est un petit homme barbu et un brin dégarni, célibataire et sans enfants. Il va empocher ce qui est à ce jour le second plus gros gain jamais enregistré en Suisse romande dans le cadre de l’Euro Millions. Pour mémoire, le record s’élève à 99 millions de francs et avait été remporté par un ressortissant portugais à Sierre (VS) en 2005.
Dans le quartier multiculturel et populaire de la Planchette, où Blérim habite un appartement au sixième étage d’une barre en béton sans âme, ceux qui le connaissent sont surpris et amusés. «Personne ne l’a plus vu depuis mardi soir, lâche un ancien camarade de classe, peut-être qu’il a déjà pris son passeport et mis les voiles. Moi c’est ce que je ferais.» La tactique serait en tous les cas efficace pour contrer les faux amis qui, comme nous hier, ne manqueront pas de venir tambouriner à sa porte. Un autre habitant explique avoir vu Blérim mardi soir vers 23 h. «Il semblait surexcité et téléphonait tout en faisant les cent pas.»
Un gain pas retiré
Hier l’homme n’était pas encore venu récupérer son dû à la Loterie Romande. Il a encore un peu moins de six mois pour le faire. Cette somme sera ensuite versée sur son compte une dizaine de jours plus tard, amputée au préalable de 35% d’impôts, comme le veut la douloureuse législation fiscale en vigueur. «Lors de notre entrevue, nous lui recommanderons de prendre du recul, de se faire conseiller par des gestionnaires de fortune professionnels et de respecter la règle d’or qui veut qu’on reste très discret en pareil cas», explique Danielle Perrette, porte-parole de la Loterie Romande.
On ne sait dans lequel des cinq points de vente d’Aigle Blérim a validé son billet. Il est assez probable que ce soit dans celui situé à deux pas de chez lui ou bien au kiosque Relay de la gare d’Aigle, où il avait souvent l’habitude de traîner. Là, des joueurs rêvent à voix haute de ce qu’ils feraient si eux aussi venaient à décrocher le jackpot. A l’instar de Vincent, commerçant de 64 ans, qui vient de claquer 25 francs dans divers jeux de hasard: «Je prendrais ma retraite avec effet immédiat et passerais mon temps à me promener avec ma femme en Asie ou dans la région!»
Toute la ville fantasme
Même ceux qui ne jouent jamais s’y mettent: «J’achèterais tous les modèles possibles de motos Husqvarna et je filerais 1 ou 2 millions à une œuvre caritative», lâche Adrien à deux collègues à l’heure de leur pause-café. Les rêves d’autos, de motos, de voyages et de luxueuses maisons sont légion. Personne en revanche n’avoue à voix haute qu’il quitterait sa femme ou son patron illico. Mais certains le pensent très fort.
Frédéric Borloz, syndic d’Aigle, n’est évidemment pas de ceux-là. L’édile PLR voit dans ce jackpot inespéré un «beau paquet d’impôts» pour sa commune de 9700 habitants. Lui-même n’est pas du tout joueur. «Si je l’étais et si la chance me souriait, j’investirais dans du solide pour éviter que cet argent facile me brûle les doigts, comme cela arrive bien souvent en pareil cas.» Et le père de famille de conclure sur cette savoureuse anecdote: «Et dire que pas plus tard qu’hier j’expliquais à mon fils de 8 ans qu’il ne fallait pas trop compter sur le loto pour gagner sa vie!»
* Nom connu de la rédaction (Le Matin)
Créé: 18.07.2013, 13h51
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