mardi 13 août 2013

Film sur Blocher: un strip-tease très maîtrisé

Film sur Blocher: un strip-tease très maîtrisé

Les médias ont pu visionner lundi soir le documentaire du Vaudois Jean-Stéphane Bron. On y voit le vieux lion UDC sous toutes les coutures mais on reste un peu sur sa faim. Le pari était risqué. Le résultat est plutôt réussi au niveau cinématographique. Des images fortes, intimistes. Un montage habile, ponctué de nombreuses scènes où l’on suit en voiture Christoph Blocher et son omniprésente épouse Silvia. Mais ce choix d’une caméra branchée en continu dans l’habitacle du véhicule du plus puissant politicien de Suisse fait parfois tourner en rond le film de Jean-Stéphane Bron.

Le documentaire de 100 minutes dévoilé lundi soir en avant-première aux médias n’aurait toutefois pas existé si Blocher n’avait pas accepté ce dispositif dans sa voiture. C’est en tout cas ce que le réalisateur romand avoue dans le dossier de presse: « Je voulais trouver un lieu d’observation privilégié, où je pourrais l’observer sur un temps long, où il serait contraint de s’abandonner.»

Les conditions de Blocher

Le problème, c’est que le vieux lion UDC a trop de métier et de talent de comédien pour véritablement se lâcher. Il annonce d’ailleurs la couleur au début du film, dans une scène où il explique au réalisateur qu’il va pouvoir accumuler beaucoup d’images, mais qu’il fera couper au montage ce qu’il juge confidentiel. On le voit tout au plus discuter avec sa femme de la qualité de ses apparitions publiques et elle le trouve toujours bon. Lui aussi d’ailleurs se trouve bon, avec cette suffisance propre à un homme entré dans l’Histoire et qui n’a plus grand-chose à prouver.

Rares confidences

Cette balade avec les Blocher, tournée principalement pendant les élections fédérales de 2011, est ponctuée d’images d’archives et de commentaires du réalisateur. Bron y livre sa vision de l’ascension irrésistible de l’homme d’affaires et du leader politique. Il tente aussi quelques mises en perspective psychologiques, remontant à l’enfance du fils de pasteur ou à quelques rêves que Blocher lui a confiés.

Mais les confidences sont rares et mesurées, quand bien même le couple Blocher a par exemple accepté de se faire filmer dans une chambre d’hôtel – madame au lit, pendant que monsieur calme son insomnie. Ou en train de chanter un air du « Barbier de Séville » dans leur château de Rhäzüns (GR). Une scène collector, où Blocher ironise sur son envie de vivre comme un « prince du Moyen-Age ». Troublant aveu du tribun qui soigne son image proche du peuple et qui a toujours refusé jusqu’ici que les médias l’exposent dans sa vie de châtelain. Le strip-tease s’arrête toutefois là. Et comme le dit lui-même Bron à la fin de son film, on doit se résoudre à laisser Blocher « à ses secrets et à ses ombres ». Ce soir, la lumière va toutefois se rallumer très fort sur lui, lors de la projection publique du film au Festival de Locarno. (Le Matin)

Créé: 13.08.2013, 07h20

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