mercredi 14 août 2013

Le soutien de la Suisse à Jean Ziegler fâche la droite

Le soutien de la Suisse à Jean Ziegler fâche la droite

Berne appuie la candidature de Jean Ziegler pour un poste à l'ONU. Les libéraux-radicaux exigent des explications de leur ministre Didier Burkhalter. A gauche, on salue non sans ironie l'engagement du Conseil fédéral. Le parrainage de la Suisse pour la candidature de Jean Ziegler à un poste onusien donne de l'urticaire à certains élus bernois. La droite ne comprend pas que la mission permanente de la Suisse à Genève a recommandé la candidature du sociologue au poste d'expert indépendant auprès du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

Christian Lüscher (PLR/GE) attaque: «Mais qui a eu l'idée saugrenue de proposer ce pourfendeur de la Suisse, ami de Muammar Kadhafi et de Fidel Castro, ancien politicien dont la mauvaise foi a été unanimement reconnue? Et pourquoi pas le chanvrier Rappaz à la tête de l'agence mondiale anti-drogue?»

Demande d'explications

Membre de la commission de politique extérieure (CPE) du Conseil national, le Genevois va demander des comptes à Didier Burkhalter la semaine prochaine: «J'attends qu'il nous explique en séance de commission à quoi rime ce soutien. Le groupe PLR est avec moi», souligne Christian Lüscher, qui ne comprend pas qu'un ministre de son propre parti, en charge des Affaires étrangères, ait pu laisser passer cela.

Le conseiller national Gerhard Pfister (PDC/ZG) est sur la même ligne: «Ce Monsieur a soutenu d'anciens dictateurs, il était proche de Kadhafi, on ne peut pas accepter cela. Quelle image pour la Suisse!» Réputé à droite dans son parti, Gerhard Pfister dit néanmoins avoir recueilli l'indignation d'autres élus de son groupe. L'UDC en tremble d'indignation: «C'est incompréhensible, on dirait qu'il n'y a que Jean Ziegler dans ce pays. Nous ne laisserons pas passer ça!» s'exclame Oskar Freysinger.

Les félicitations d'Andreas Gross

A gauche on observe ces réactions d'agacement avec amusement. «Je suis positivement surpris par ce soutien de Didier Burkhalter à Jean Ziegler et je le félicite pour ce choix, réagit le Zurichois Andreas Gross (PS). Bien sûr que Jean Ziegler a commis des erreurs, dit-il, mais il les a reconnues. Il avait des idées un peu archaïques dans les années 80 mais il est beaucoup plus nuancé aujourd'hui.»

«Jean Ziegler a des ennemis, les Etats-Unis et la droite économique ne lui pardonnent pas ses attaques, fait remarquer Andreas Gross. Mais j'estime que c'est une personnalité respectable pour ses combats en faveur des plus démunis. C'est un Suisse mondialement connu et il a fait du bon travail, notamment comme rapporteur de l'ONU sur le droit à l'alimentation entre 2000 et 2008.»

Le Département des affaires étrangères (DFAE) n'a réagi pour l'heure aux critiques de la droite. «La Suisse considère que Jean Ziegler a l’expérience qu’il faut et qu’il est internationalement reconnu pour ses compétences», déclarait hier son porte-parole, Jean-Marc Crevoisier.

L'âge de la retraite

Ancien président du PS de la Ville de Genève, Gérard Deshusses est lui aussi critique envers la candidature du sociologue. «Jean Ziegler a 79 ans... il serait temps qu'il prenne sa retraite. On a l'impression de vivre dans un pays où les gens ne vieillissent pas, c'est de la gérontocratie. Pourquoi on ne donne pas leur chance aux jeunes?»

Gérard Deshusses n'approuve par pour autant les attaques des libéraux-radicaux genevois: «Ils reviennent toujours avec les mêmes critiques. Comme un disque usé ils ressassent sans arrêt ses anciens liens avec Kadhafi et Castro, alors qu'il suffit d'invoquer l'âge. Cela montre qu'ils sont eux aussi encroûtés dans le passé.» (Newsnet)

Créé: 14.08.2013, 15h48

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