mercredi 27 mars 2013

Tout un village contre un lupanar

Les villageois se dressent comme un seul homme contre l’implantation d’une maison close destinée aux frontaliers. Mais le promoteur français a la loi de son côté. A Damphreux, petit village jurassien de 170 habitants, 9 citoyens sur 10 ont signé une pétition adressée aux maires, aux députés et aux ministres. Tous unis contre quoi? Un salon de prostitution, selon la dénomination officielle. Un lupanar aménagé en toute légalité, perdu dans la verte Ajoie.

Recrutement en cours

Le recrutement des hôtesses bat son plein et, par petites annonces, le futur gérant annonce l’ouverture prochaine du Pin’up Club. Pour le maire Philippe Henzelin, la tranquillité et la réputation du village sont en jeu, mais le promoteur a la loi de son côté: «Il possède toutes les autorisations cantonales requises et nous n’avons rien à dire.»

A l’arrêt du bus postal, unique moyen de transport public ralliant Porrentruy, un jeune du village s’offusque: «Ce serait mieux en ville.» Un promeneur s’inquiète pour son chien: «Que va-t-il trouver dans les poubelles?» Pour trouver une voix plus conciliante, il faut aller chez la voisine directe: «Je ne suis ni pour ni contre, pour maintenir des relations de bon voisinage.»

C’est la grogne à Damphreux, car ce projet d’un promoteur français s’adresse aux clients français, les salons de prostitution étant interdits de l’autre côté de la frontière toute proche. «Ça me fait de la pub», lance le locataire, qui repeint la façade et aménage les chambres à l’étage de l’ancien Hôtel du Jura. Les citoyens espèrent un retournement de situation, mais le gouvernement jurassien peut uniquement promettre des contrôles réguliers. «La loi sur la prostitution ne permet pas d’interdire l’installation d’un salon de massage», a expliqué aux députés le ministre de l’Economie Michel Probst. Celui qui veut ouvrir une maison close n’a même pas l’obligation de s’annoncer. (Le Matin)

Créé: 28.03.2013, 07h23

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