Après Minder, les salaires des patrons baisseront

L'application de l'initiative Minder va amener des changements de fond en matière de rémunération des dirigeants au sein des entreprises suisses cotées en Bourse, selon l'étude annuelle de zCapital. Désormais les actionnaires voteront de façon contraignante sur l'enveloppe globale du conseil d'administration et de la direction. En conséquence, zCapital s'attend à «des systèmes de rémunération plus transparents et compréhensibles», souligne-t-il dans son enquête 2013 sur la gouvernance d'entreprise publiée jeudi.

L'initiative populaire contre les rémunérations abusives, dite «initiative Minder» du nom du conseiller aux Etats schaffhousois Thomas Minder, a été acceptée le 3 mars par 67,9% des voix. Le texte, qui doit entrer en vigueur en 2014, conduira à des modifications en profondeur des statuts d'entreprises mais aussi des assemblées générales, selon zCapital.

Dans sa 5e édition, l'étude examine la performance de 150 sociétés cotées en Suisse, à partir de 59 critères. Outre la politique en matière de salaires, elle passe en revue la composition des organes dirigeants ou encore les droits des actionnaires.

Moins pour les grands patrons

Parmi les grandes entreprises de l'indice SMI, les salaires moyens apparaissent en recul. En 2012, un directeur général a perçu en moyenne 7,17 millions de francs, contre 7,25 millions l'année précédente, selon le communiqué. Un président de conseil d'administration a gagné quant à lui 1,65 million de francs, après 1,72 million un an plus tôt.

Dans le segment des valeurs secondaires, les rémunérations ont en revanche continué d'augmenter. La rétribution moyenne d'un patron s'est ainsi relevée de 1,13 à 1,2 million de francs. Celle d'un président est passée en moyenne de 264'000 à 277'000 francs.

La saison 2013 des assemblées générales a en outre démontré que les actionnaires étaient devenus plus critiques en matière de primes. Ainsi, l'ex-président de Novartis, Daniel Vasella a renoncé sous la pression à une prime de 72 millions de francs.

Les actionnaires ont également refusé les rapports de rémunération de la banque Julius Baer et du laboratoire Actelion, lors de votes consultatifs. zCapital avait notamment recommandé de rejeter le premier. Des augmentations de capitaux ont par ailleurs été remises en question chez Transocean, Gategroup et Acino.

Gouvernance en progrès

Dans l'ensemble, les sociétés examinées se sont améliorées en 2012 en matière de gouvernance, après avoir stagné l'année précédente, résume l'étude. Selon le classement établi par zCapital, le groupe de techniques sanitaires Geberit se retrouve à nouveau en tête.

Au second rang figure le fabricant d'automates de laboratoire Tecan, suivi des groupes industriels AFG Arbonia Forster et Sulzer. La société de courtage Compagnie financière tradition (CFT), la société de participations Pargesa et Advanced Digital Broadcast ferment la marche.

zCapital a également relevé une augmentation du nombre de femmes dans les conseils d'administration. Les sociétés du SMI affichent une part de 16% d'administratrices et les entreprises de SPI une proportion de 8%.