
Conséquences énormes
La 1re Cour de droit public, présidée par Jean Fonjallaz, a soutenu sa cause presque à l’unanimité, à l’exception du juge fédéral, Peter Karlen, d’obédience UDC. D’une part, l’initiative pour stopper les résidences secondaires entre en force le 11 mars 2012 et non pas le 1er janvier 2013 comme l’avaient souhaité le Conseil fédéral et les cantons. De l’autre, Helvetia Nostra conserve sa qualité de recourir. Sur le terrain, les conséquences sont énormes: quelque 2200 autorisations de construire contestées et en suspens entre le 11 mars et le 31 décembre 2012 devront être annulées par les tribunaux cantonaux, pour une bonne moitié en Valais et le reste dans les Grisons, Vaud et Berne, notamment. «Aujourd’hui, c’est l’apogée de l’œuvre magnifique de Franz Weber, il a toujours tenu bon dans la tempête pour finalement gagner.» L’avocat d’Helvetia Nostra, Pierre Chiffelle, était soulagé et ravi d’avoir mené cette lutte opiniâtre durant des mois auprès du mentor montreusien. A 85 ans (bientôt 86, le 27 juin), Franz Weber avait les yeux brillants d’un enfant qui venait de recevoir un vélo neuf: «Quand j’ai vu les juges ce matin, je n’ai pas été surpris ensuite de leurs décisions, avoue-t-il. J’ai vu tout de suite qu’ils aimaient la nature et la justice. En fait j’ai gagné beaucoup de fois ici… et je ne me souviens pas avoir perdu.»
Nature contre cupidité
L’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, Philippe Roch, était aussi de la fête: «C’est une belle victoire pour lui, mais il faut surtout dire que c’est la nature qui a gagné aujourd’hui.» Pour Franz Weber, la nature a gagné contre la cupidité des hommes: «Les beaux paysages attirent d’autres personnes, d’autres touristes. Une nature inviolée est d’une grande valeur aussi pour les générations futures contre les spéculateurs, qui ont la courte vue du profit.» Il énumère ensuite ses combats en Allemagne, aux Pays-Bas, en Serbie et en Italie: «J’ai sauvé Asolo en Italie! Vous savez, mes combats donnent envie à d’autres de se battre. Chacun peut sauver la terre.» Et de s’emporter dans un élan «obamien»: «Oui, chacun peut le faire!»
Carte de visite
Lui se souvient qu’il a sauvé encore mieux que la terre, Lavaux: «En 1972, j’ai fait campagne et tout le monde voulait construire sur ces coteaux. J’ai demandé à l’époque la protection totale du site. Ça a été très difficile, la résistance était forte, mais la population a suivi et aujourd’hui c’est une magnifique carte de visite pour les Vaudois.»
Est-ce qu’un jour les Valaisans auront la même reconnaissance à son égard? Il ose y croire: «J’ai fait campagne dans le val d’Anniviers, où j’ai réussi à sauver le paysage. Je veux travailler avec la population qui me dit: «Ne nous lâchez pas.» La population, ou le peuple suisse qui a signifié qu’il ne voulait plus de la course effrénée aux résidences secondaires. Ou enfin les juges de Mon-Repos, qui n’ont pas ménagé la jurisprudence et les arguties juridiques pour légitimer la défense du paysage. En décidant que toutes les autorisations de construire contestées par Franz Weber pouvaient passer à la trappe, ils l’ont mis sur un nuage. «Aujourd’hui, Franz Weber est entré encore un peu plus dans l’histoire de ce pays», a dit, la voix pleine d’émotion, Pierre Chiffelle. (Le Matin)
Créé: 23.05.2013, 14h25
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