
Un verre de rouge à midi
Pas question pour le Clos des Tzams d’interdire purement et simplement la boisson ainsi que les sorties à ses pensionnaires. «La liberté individuelle est à nos yeux très importante», explique Serge Gétaz, directeur de Cogest’ems, société qui gère, entre autres, cet établissement. «La première étape a été de mettre tout le personnel d’accord. Alors qu’auparavant chacun y allait de sa propre interprétation. Nous avons donc opté pour un verre de rouge à midi. Tout en faisant preuve de souplesse. Nous devons nous adapter à chaque cas.»
5 francs par jour
Ainsi, une petite mamie ne boit pas à midi, mais préfère son verre de vin avant de se coucher, «pour se détendre». Un autre buvait 7 litres de rouge à son arrivée dans l’établissement. Il bénéficie donc d’une plus grande marge de tolérance et grâce à un encadrement adapté, il a baissé sa consommation à 1 ou 2 litres quotidiens. Comment le Clos des Tzams est-il parvenu à ces résultats? «Il faut gérer la consommation à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur de l’établissement», répond Sylviane Clot, la responsable de la structure. «Nous avons la chance d’habiter un petit village, où nous avons pu sensibiliser les commerçants. Ceux-ci se sont montrés très compréhensifs et coopératifs. Ils ne les servent pas au-delà du raisonnable.» Autre mesure: une nouvelle façon de distribuer l’argent aux pensionnaires. «Chaque mois, les résidents reçoivent au moins 240 francs pour leurs dépenses personnelles. Pour ceux qui ont des problèmes de consommation, nous ne leur donnons que 5 francs par jour. De cette façon, ils peuvent aller boire une bière dans l’après-midi, mais pas plus», détaille Serge Gétaz.
La bière contre l’ennui
Réaction des principaux intéressés: «Avant, je sortais, mais parfois je buvais trop», reconnaît Claude-Ami. «Aujourd’hui, je ne peux plus faire le fou: je n’ai plus d’argent, je n’ai plus le droit d’aller à la Coop, ni d’aller dans le poulailler à côté de la maison où un ami cache des bouteilles.» Claude-Ami aimerait quand même pouvoir descendre à Château-d’Œx plus souvent. «L’après-midi, je trouve le temps long. Même si on a le thé à 15 h», soupire-t-il. Serge Gétaz admet encore «quelques dérapages», mais pour lui l’objectif est atteint. «Il est terriblement difficile de trouver un positionnement juste. Je pense que nous avons trouvé le bon compromis.» Délicat en effet de placer le curseur au bon endroit entre le sevrage brutal et le laisser-faire indifférent vis-à-vis de comportements autodestructeurs. (Le Matin)
Créé: 23.05.2013, 14h25
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