samedi 25 mai 2013

Le bouton météo bloqué sur froid

Depuis des semaines, nous subissons un temps aussi maussade que pourri. Hier, il a même neigé localement jusqu’à 500 mètres. Et ce n’est pas près de changer. Il ne manquait plus que ça. Après des jours, des semaines, pour ne pas dire des mois de pluie et de froid, c’est la neige qui a pointé le bout de son nez jeudi et hier. Localement, les flocons sont tombés jusque vers 500 à 700 mètres. Et question température, cette fin mai n’a rien à envier à un bon mois de février bien costaud. Exemples: -17 degrés au Jungfraujoch (3580 m), -12 degrés aux Attelas (2733 m), -9 au col du Grand-Saint-Bernard (2472 m), -8 au Moléson (1972 m) et au col du Grimsel (1980 m), -6 à la Dôle (1677 m) et -5 au Chasseral (1607 m).

C’est bon, on arrête, n’en jetez plus. Il fait froid, moche et gris. Le constat est aussi glaçant qu’implacable. Mais par tous les dieux du ciel, qu’est-ce qui nous vaut pareil châtiment? «L’équation est assez simple, explique Frédéric Glassey, de MeteoNews. A l’ouest, il y a l’anticyclone des Açores qui reste sur l’océan. A l’est, il y a un second anticyclone sur la Russie qui semble indélogeable. Les dépressions n’ont donc pas d’autre choix que de passer entre les deux zones de haute pression, soit chez nous.»

Et le météorologue de préciser que s’il fait un froid de canard en Europe occidentale, il fait beau et chaud à l’Est. «La station balnéaire la plus chaude actuellement est Sotchi, la ville qui accueillera les JO d’hiver en 2014, s’amuse Frédéric Glassey. Située sur les bords de la mer Noire, elle connaît une température de 30 degrés et celle de l’eau est de 22 degrés. A titre de comparaison, sur la Côte d’Azur ou la Costa Brava, l’eau ne dépasse pas les 16 à 17 degrés.»

Mais pourquoi cela dure depuis si longtemps? «Parce que nous nous retrouvons dans une situation de blocage, explique Martin Beniston, climatologue et professeur à l’Université de Genève. Si aucun changement majeur n’intervient dans le système, le modèle se répète jour après jour.» Et le climatologue de rappeler qu’au printemps 2011 nous avions aussi connu une situation de blocage mais inverse, ce qui avait conduit à un épisode de sécheresse. Reste la grande question, ce froid est-il paradoxalement une conséquence du réchauffement climatique comme certains l’affirment? Schématiquement, la banquise fondant en raison de la hausse des températures aurait de plus en plus de peine à retenir l’air froid qui nous tomberait dessus. «Il est périlleux de tirer des conclusions à partir d’un épiphénomène, explique Martin Beniston. Par contre si une telle situation se reproduit régulièrement dans les années à venir, il faudra étudier cette possibilité.»

Canicule peu probable

Et si nous regardions plus près de nous? Que nous réservent, selon nos deux spécialistes, les semaines à venir? «Tout peut changer radicalement, explique Martin Beniston. Il n’est pas impossible de voir des températures de 30 degrés au mois de juin. Mais, sans vouloir trop m’avancer, je doute que nous connaissions un été caniculaire. En général, un printemps sec précède un tel épisode.» Frédéric Glassey, lui, n’exclut pas non plus un mois de juin chaud. «Mais la chaleur fera s’évaporer toute l’humidité accumulée dans les sols. S’il y a de belles journées ensoleillées, elles risquent bien de se terminer avec des averses et des orages.» En ce qui concerne les jours à venir, le météorologue annonce pour lundi et mardi des températures «moins froides car je n’ose pas dire plus douces». Et puis ensuite retour d’un temps froid et perturbé. Pas grave, on commence à avoir l’habitude. (Le Matin)

Créé: 25.05.2013, 12h19

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