mercredi 12 juin 2013

Sus à l'espionnite américaine!

La manie des Etats-Unis de surveiller partout Internet pousse les parlementaires à s’autocensurer. Hélas la Suisse ne peut guère riposter, sinon par la prudence. «On est trop gentil avec un pays qui se dit «ami». Le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE) résume le sentiment qui prévaut à la suite de l’affaire Edward Snowden, l’espion américain qui dénonce les méthodes fouineuses de l’Amérique d’Obama. La révélation de sa présence peu diplomatique à Genève entre 2007 et 2009 a fait réagir le Département fédéral des affaires étrangères. Dans la foulée, le préposé à la protection des données, Hanspeter Thür, a exprimé sa grande méfiance envers les Etats-Unis et leur espionnite aiguë depuis le Patriot Act. Sur Google, Facebook, Twitter… les Etats-Unis peuvent espionner n’importe qui.

Des élus perplexes

Au Parlement, en pleine discussion sur la Lex USA, l’omnipotence américaine alimente un malaise grandissant. La conseillère nationale Isabelle Moret (PLR/VD) estime que le comportement américain l’oblige «à faire attention à ce qu’elle écrit. Je ne tiens pas à être bloquée dans un aéroport avec enfants pour des propos que j’aurais tenu sur Internet.» Pour Yvan Perrin (UDC/NE), les moteurs de recherche basés sur des mots-clés engagent à une certaine prudence «sur la façon dont on dit les choses».

Finalement Carlo Sommaruga lâche le mot: «Nous en arrivons à nous autocensurer!» La sécurité informatique et les craintes de cyberguerre sont des sujets récurrents au Parlement. Mais, comme le constate Christophe Darbellay (PDC/VS), «avec l’évolution des nouvelles technologies, on essaie de suivre. Mais sur le plan législatif, on n’arrive pas.» Autrement dit, il est quasi impossible de se défendre en Suisse à coups de lois contre l’invasion numérique américaine. Le souhaite-t-on aussi? Isabelle Moret rappelle que sur un autre plan les services de renseignement des deux pays «amis» collaborent et s’échangent des informations. «Il y a une certaine hypocrisie dans ce système.» Pour Yvan Perrin: «Les Américains ont une approche industrielle du renseignement. Plus ils en ont, plus ils sont contents. Mais le pourcentage exploité reste faible.»

La Suisse doit faire avec, mais intelligemment, comme l’explique l’expert en sécurité de l’information Stéphane Koch: «Renoncer aux nouvelles technologies serait une régression. Il est d’ailleurs très difficile de rester en Suisse en navigant sur le Net. Il faut sensibiliser, éduquer. Certains logiciels existent, mais cela demande une formation.»

  (Le Matin)

Créé: 12.06.2013, 20h56

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