
Toutefois, le Champix n’est pas sans risque. Notamment sur le psychisme. Aux Etats-Unis, plus de 2000 plaintes ont été déposées contre ce médicament, accusé d’entraîner des états suicidaires, voire des passages à l’acte. En France, il n’est plus remboursé depuis 2011 et figure sur une liste de médicaments sous surveillance renforcée. Alors, qu’en est-il vraiment?
1Ce médicament est-il vraiment dangereux pour la santé?
«Ce qui est surtout dangereux, c’est de continuer à fumer, assure le Dr Jean-Paul Humair, directeur du CIPRET-Genève. Le Champix est une aide efficace contre le tabagisme, au même titre que les substituts nicotiniques. C’est donc une bonne chose qu’il soit remboursé.» Reste que les effets secondaires attribués à ce produit ne sont pas des moindres: augmentation des risques cardio-vasculaires, dépressions, états suicidaires. «Comme ce médicament agit au niveau cérébral, des effets indésirables psychiques sont possibles. Toutefois, à ce jour, aucune étude scientifique n’a démontré de liens de cause à effet.» Quant à Swissmedic, elle souligne que moins de 50 effets indésirables ont été rapportés, dont une petite dizaine concernaient des symptômes neuropsychiatriques. Mais aucun en relation avec des idées ou comportements suicidaires. En revanche, il est avéré que le produit peut provoquer des nausées ou des troubles du sommeil.
2A qui ce produit peut-il être prescrit?
Seuls les fumeurs présentant une forte dépendance au tabac pourront bénéficier du remboursement du Champix. De même que les patients qui souffrent de maladies liées au tabagisme, comme les bronchites chroniques, les cancers ou les maladies cardio-vasculaires. «Ce traitement, qui dure en moyenne trois mois, doit par ailleurs être prescrit par un médecin, précise le Dr Isabelle Jacot-Sadowski, spécialiste en tabacologie à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne. Et, pour éviter les complications, on évitera de le donner à des personnes présentant des troubles psychiatriques. De plus, il est important que les patients soient médicalement suivis durant la totalité de la cure.» Concrètement, l’effet du Champix est dû à la molécule varénicline. «Elle ôte l’envie de fumer par un double effet, ajoute le Dr Jacot-Sadowski. D’une part, elle soulage le manque dû au sevrage tabagique, et d’autre part, elle coupe l’effet ou la sensation de plaisir en cas de reprise d’une cigarette.»
3Le Champix doit-il être pris en charge par la collectivité?
Oui, clament les professionnels de la prévention. «Si un traitement de sevrage tabagique est pris en charge par l’assurance, il est plus accessible et les patients se sentent plus motivés à le prendre, ce qui entraîne de meilleurs résultats», assure le Dr Jean-Paul Humair. Pour l’heure, on estime que le taux de réussite des cures avec le Champix est de 22% à un an, alors qu’il n’est que de 2 ou 3% sans aide ni traitement. Entendez par là, des personnes qui ne fument plus une année après le début du traitement. Quant au choix pour cette méthode plutôt que pour des substituts nicotiniques, il dépend essentiellement du patient. «Certains préfèrent mettre des patches de nicotine, d’autres prendre des pilules de Champix, constate le spécialiste. Les résultats sont très similaires avec les deux méthodes. Et espérons que l’assurance de base les prendra bientôt toutes en charge.» Un coût supplémentaire pour la société, certes. Mais autrement moindre que ceux induits par les maladies dues au tabagisme. (Le Matin)
Créé: 03.07.2013, 07h26
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