mardi 13 août 2013

«Blocher n'a demandé aucun changement au film»

«Blocher n'a demandé aucun changement au film»

Le film « L'Expérience Blocher », de Jean-Stéphane Bron, sera projeté ce soir à la Piazza Grande au Festival de Locarno. A quelques heures de la projection, le réalisateur a répondu aux questions qu'a suscitées la vision de presse lundi soir. « Je ne dirai pas comment Christoph Blocher a réagi en découvrant le film, cela fait partie du « secret médical ». Ce que je peux dire, ajoute Jean-Stéphane Bron, c'est qu'il n'a demandé aucun changement, et que la proximité créée par le tournage ne m'a pas amené à m'auto-censurer. »

Une séquence étonnante montre Silvia Blocher, déjà couchée dans un lit d'hôtel à Berne, attendant son mari qui est encore en train de rédiger des notes sur un secrétaire. Le couple a-t-il été difficile à convaincre de livrer ainsi son intimité ? Le réalisateur précise que ce passage a été mis en scène. « Tout ce que j'ai demandé de faire à Christoph Blocher, il l'a fait. C'était assez jouissif », ajoute-t-il.

Mais ne s'est-il pas laissé séduire par son sujet, dont plusieurs questions laissent entendre qu'il n'a pas vraiment percé son secret ? Le réalisateur admet qu'il « reste une part d'énigme » autour du personnage. « Il aurait été idiot de faire un film pour ou contre Blocher. Enquêter n'est pas mon métier et je me suis basé sur des sources publiques. Si j'investigue quelque chose dans ce film, c'est sa part d'ombre », dit Jean-Stéphane Bron, qui ne renie pas une référence cinématographique à « Citizen Kane ». Le magnat de la presse campé par Orson Welles était nostalgique de la luge de son enfance, « Rosebud », Christoph Blocher l'est du cimetière de Laufen où il se réfugiait quand il était gamin. Pour le réalisateur, Christoph Blocher est « un homme seul, dans ce qui pourrait ressembler à un bunker, ou un mausolée ».

Interrogé sur la critique de certains politiciens de gauche, dont la conseillère nationale Susanne Leutenegger-Oberholzer, qui contestent la subvention fédérale de 260 000 francs accordée à un film sur un politicien de droite dont on a déjà beaucoup parlé, Jean-Stéphane Bron juge « normal » qu'il y ait ce genre de polémique. « J'espère que maintenant que les gens vont le voir, on va passer au vrai débat », dit-il. Il voit une continuité entre ses films « Le Génie helvétique » (2003), « Cleveland contre Wall Street » (2010) et « L'Expérience Blocher » (2013) : « Le premier a été tourné avant la crise, le second pendant et le troisième juste après, alors que la poussière n'est pas encore retombée. Le fil rouge entre les trois est la démocratie, Christoph Blocher sert de prisme à cette réflexion. L'expérience dont je parle est d'abord la mienne à son contact, puis celle d'un homme avec son pays, et enfin celle de son parti avec la démocratie ».

Contrairement aux films précédents, celui-ci recourt au commentaire « off » de Jean-Stéphane Bron. Parce que Christophe Blocher ne lui en a pas dit autant qu'il l'espérait ? « Absolument pas, répond ce dernier. La voix « off » figurait déjà dans le projet présenté à Berne. Christoph Blocher a livré des choses petit à petit. Ainsi, j'ai appris après plus d'un an qu'il était sujet aux angoisses vespérales. » (Le Matin)

Créé: 13.08.2013, 14h45

0 comments:

Enregistrer un commentaire