lundi 19 août 2013

Fini la corvée des cahiers

Fini la corvée des cahiers

Les parents d’élèves vaudois ne devront plus passer leurs soirées à recouvrir le matériel scolaire de leurs enfants. Dans les autres cantons, la tradition reste toujours vivace. Certains parents poussent un immense soupir de soulagement. Pour d’autres, il n’est pas question d’abandonner une tradition séculaire. Une chose est certaine, dès lundi prochain, quand les quelque 80 000 écoliers vaudois reprendront le chemin de l’école, ils ne rentreront pas chez eux le sac à dos bourré de dizaines de livres et de cahiers à recouvrir. La suppression de l’obligation de «fourrer» les cahiers a été confirmée en juin par une circulaire d’Anne-Catherine Lyon, conseillère d’Etat en charge de la Formation (DFJC), adressée aux directeurs des établissements scolaires de l’enseignement obligatoire.

L’Association vaudoise des parents d’élèves (apé-Vaud) demandait depuis plusieurs années l’abolition de cette pratique. «C’en était devenu une boutade entre nous. Nous ne pouvions pas fixer de réunion de parents d’élèves la semaine de la rentrée, car il fallait recouvrir les cahiers, dit en souriant Barbara de Kerchove, présidente de l’apé-Vaud. La pratique nous paraissait surfaite, déplacée et dépassée, et nous avions constaté un glissement. En effet, d’une part, il faut responsabiliser les enfants sur leur matériel et, d’autre part, les parents passent des heures à recouvrir leurs cahiers et livres.» Sans parler de l’aspect économique: «Pour certaines familles, cette obligation était lourde de conséquences sur le budget du ménage.»

Des cahiers solides en 2014

Pour Michael Fiaux, délégué à la communication au DFJC, cette suppression de l’obligation correspond notamment à une évolution du matériel, qui est devenu plus résistant. Une affirmation confirmée du côté de la Centrale d’achats de l’Etat de Vaud. «Les nouveaux livres scolaires ont des reliures de qualité, il n’est plus vraiment nécessaire de les recouvrir», affirme Yves Croisier, vhef du secteur Formation scolaire. Ce dernier a également passé commande de nouveaux cahiers, plus solides. Mais ils ne seront disponibles que pour la rentrée 2014. «On travaille avec six à huit mois d’avance», explique Yves Croisier. Car le canton a la particularité de faire fabriquer ce matériel par les détenus des Etablissements de la plaine de l’Orbe. «Le flux tendu, ce n’est pas possible chez nous. Nous avons commencé à livrer le matériel scolaire au moment des vacances de Pâques déjà.» Seule modification qui a pu être faite à temps sans avoir une grosse incidence au niveau du tarif: l’agenda. «La couverture est en carton de 400 g/m2 et il est verni», explique le chef de secteur.

Mais la fin de l’obligation ne signifie pas pour autant la mort du papier à recouvrir. Certains enseignants comptent exiger que les livres et cahiers continuent à être protégés. «Nous faisons de gros efforts pour dire que le matériel est précieux et, avec cette décision, il y aura une rapide détérioration des livres, explique Marie*, enseignante en primaire dans le canton de Vaud. A la rentrée, je vais exprimer mon souhait de voir les livres et cahiers couverts.» Et si les parents ne sont pas prêts à jouer le jeu, la maîtresse imagine faire couvrir le matériel par les élèves pendant les heures d’école.

De plus, dans les autres cantons romands, notamment Jura, Genève, Fribourg et Neuchâtel, où il n’existe pas de directive cantonale contraignante, la tradition de «fourrer» les cahiers est toujours vivace et l’écrasante majorité des établissements scolaires la demande toujours. Dans le canton de Vaud, les parents continueront sans doute à observer cette pratique. En effet, du côté de Manor Suisse, qui écoule traditionnellement 50 000 rouleaux de papier à chaque rentrée, on ne constate pas un changement dans les habitudes d’achats. «Il est encore trop tôt pour mesurer une éventuelle incidence sur la vente de rouleaux de papiers pour la rentrée de la non-obligation de doubler les cahiers et livres dans le canton de Vaud, explique Alexandre Barras, responsable de la communication chez Manor. La majorité des ventes se fait en effet durant la semaine de la rentrée, soit la semaine prochaine. Une première tendance semble cependant démontrer une relative stabilité des ventes, et les premiers échos recueillis dénotent un réel souci des parents de continuer à protéger le matériel scolaire de leurs enfants.» Les parents qui pensaient pouvoir échapper à la corvée ne doivent donc pas crier victoire trop rapidement.

* Nom connu de la rédaction

    (Le Matin)

Créé: 20.08.2013, 06h23

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