lundi 19 août 2013

Jean-Charles Legrix les alignait devant le sapin

Jean-Charles Legrix les alignait devant le sapin

Les accusations se précisent contre le conseiller communal privé de son dicastère à La Chaux-de-Fonds pour avoir harcelé ses collaborateurs, par exemple en les forçant à chanter à Noël. L’intéressé répond. Jean-Charles Legrix était-il carrément despotique ou tout simplement exigeant envers ses collaborateurs? C’est la question qui se pose après qu’il a été mis sur la touche par ses quatre collègues du Conseil communal de La Chaux-de-Fonds, qui l’ont privé de son dicastère.

Hier, l’exécutif chaux-de-fonnier a précisé ses griefs envers l’élu, par la voix de Jean-Pierre Veya (POP). Interrogé une première fois au «12:45», il a expliqué que «si contraindre des collaborateurs à s’aligner devant le sapin de Noël pour chanter une chanson, c’est simplement des exigences fortes en termes de management, vous comprendrez que le Conseil communal n’a pas la même lecture».

Pour son collègue Pierre-André Monnard (PLR), devenu président de la Ville, un comportement aussi «infantilisant» génère «une grande souffrance». Jean-Charles Legrix nie avoir forcé quiconque à chanter: «Les soirées de fin d’année sont là pour s’éclater. C’était une superambiance et j’ai dit: «Qui veut chanter devant ce sapin?» Visiblement, pour d’autres, il faut rester coincé.» Mais il y a d’autres exemples rapportés par Jean-Pierre Veya, comme «houspiller une secrétaire en lui demandant si elle a ses règles». La charge comprend d’autres reproches répertoriés dans un audit, comme «monter un dossier à l’insu d’un collaborateur en réunissant des preuves par des moyens douteux comme la délation ou en l’espionnant», ou «crier à qui veut l’entendre qu’un collaborateur est incompétent si ce n’est un escroc».

A douze reprises

Jean-Charles Legrix réplique en reprochant à ses collègues leur empressement: «On m’a retiré mes mandats sans me donner une chance de m’améliorer. Même celui qui a volé du matériel, on ne le jette pas comme ça. J’en ai fait une crise d’angoisse, tellement ça m’a travaillé. J’aurais préféré une enquête administrative ponctuée par un jugement, où toutes les parties sont entendues.»

Lui donner une chance? Pour Jean-Pierre Veya, il est allé trop loin: «Si son comportement brusque avait été qualifié d’inapproprié, on aurait pu le coacher, mais à douze reprises il a été qualifié d’illicite, c’est-à-dire attentatoire à la personnalité», explique-t-il. Un avis partagé par le président Pierre-André Monnard: «Il parle de rigueur quand nous parlons de dysfonctionnement.»

Déchargé du Dicastère des infrastructures, Jean-Charles Legrix affirme n’avoir terrorisé personne: «Je contrôle tout et je ne laisse rien passer. Mes défauts? Des exigences trop élevées, un physique qui impressionne, et le seul que ma femme me reproche: l’impatience.»

Insultant? Dénigrant? «Non, jamais irrespectueux. Regardez ce certificat de travail: «Respectueux et de nature ouverte, il fait preuve d’un bon esprit d’équipe et entretient d’excellents contacts tant avec ses collègues que ses supérieurs.»

Pourtant, Pierre-André Monnard sait que son collègue dénigrait le chef de la voirie en termes durs: magouilles, malversations, tyrannie, incompétence… «Autant d’actes constitutifs du harcèlement», dit le président.

Forçat du travail

Jean-Charles Legrix est un forçat du travail, d’accord, mais n’admet-il aucun excès? «Si, mais dans son contexte! Mon prédécesseur ne mettait pas les pieds à la voirie. Mais moi qui viens du privé, j’exige du rendement. Appliquer dans l’administration les exigences du privé, voilà ce qui a fait de moi le grand méchant loup.» Réaction de Jean-Pierre Veya: «On éprouve de l’empathie pour lui, mais de sa bouche, il ne sort pas un mot pour ses collaborateurs en souffrance.»

Jean-Charles Legrix veut porter plainte pour diffamation: «J’ai relevé 50 fausses affirmations. Des rumeurs, des suppositions, et même des calomnies qui portent atteinte à mon honneur.» A ceux qui doutent de sa bonne volonté, il indique: «C’est écrit dans l’audit: «On ne saurait lui reprocher d’être animé d’une volonté de nuire.» Alors pourquoi s’acharner contre moi?» Dans l’intervalle, l’élu UDC entend conserver son poste payé 15 000 fr. par mois en assistant aux séances du mercredi. Et il envisage déjà de se présenter aux élections de 2016. (Le Matin)

Créé: 20.08.2013, 07h48

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