jeudi 8 août 2013

Rapport sur les infections contractées à l'hôpital

Rapport sur les infections contractées à l'hôpital

Des milliers de patients contractent chaque année en Suisse des maladies en raison de bactéries attrapées à l'hôpital. Les conséquences de telles maladies sont multiples. Si elles n'entraînent dans certains cas que des journées d'hospitalisation supplémentaires ou l'administration de davantage de médicaments, elles peuvent mener à de nouvelles opérations, voire même à la mort.

L'Association nationale pour le développement de qualité dans les hôpitaux et cliniques (ANQ) a publié jeudi le premier rapport sur les infections de plaie en Suisse, soit des inflammations survenant suite à une opération. Elle ouvre ainsi la porte à de futurs rapports permettant d'observer le développement du phénomène.

Pont gastrique risqué

Aucun résultat sensationnel ne figure dans le document, établi sur la base des données saisies par Swissnoso, l'association chargée d'élaborer des recommandations contre les infections dans les hôpitaux. Le rapport ne mentionne pas les estimations d'experts parlant de quelque 70'000 personnes infectées à l'hôpital, 2000 décès annuels et de coûts de 240 millions de francs.

Le texte s'attache plus à mettre en évidence quelles opérations ont été suivies d'une infection. La pose d'un pont gastrique est particulièrement concernée, avec un taux d'infection de 16,7%. Les interventions sur le gros intestin sont suivies dans 12,8% des cas d'une inflammation.

Césarienne peu touchée

Les risques baissent en revanche pour d'autres opérations. Sur les 8033 accouchements par césarienne relevés, 142 femmes ont ensuite souffert d'une inflammation. Cela représente 1,8% des jeunes mamans. La mise de prothèses à la hanche s'avère encore moins touchée: sur 8916 interventions, 146 ont donné lieu à des complications ultérieures, soit pour 1,6% des patients.

Au total, quelque 52'000 patients dans 84 hôpitaux ont été pris en considération dans l'étude. L'ANQ a comptabilisé 1447 personnes ayant subi une infection de plaie postopératoire. Une distinction est faite entre les infections superficielles et les graves inflammations touchant l'organe opéré. Le degré de contamination de ce dernier, ainsi que l'état de santé du patient, sont également pris en compte.

Sous pression

Les hôpitaux ont été anonymisés. Le prochain rapport - une mise à jour annuelle est prévue - citera en revanche les établissements hospitaliers et leurs résultats. Les hôpitaux sont de toute façon contraints dès cette année de mesurer les infections contractées dans leurs murs.

«Les hôpitaux qui obtiennent de mauvais résultats se retrouveront fortement sous pression», souligne à l'ats Regula Heller, responsable du programme de mesure à l'ANQ. Cette première étude produit toutefois déjà des effets positifs: «le fait de mesurer permet de sensibiliser. Dès que les hôpitaux prennent connaissance des résultats, ils doivent agir.»

Les chiffres présentés par l'ANQ ne doivent pas faire réagir que les hôpitaux, mais aussi les médecins qui y adressent des patients. Ces derniers peuvent désormais choisir l'établissement où ils se font opérer en meilleure connaissance de cause. Par ailleurs, les cantons et les assureurs disposent ainsi d'informations importantes sur la qualité des soins, ce qui les aide dans leurs prises de décisions.

Impossible à éliminer totalement

Il est impossible de supprimer totalement le problème des infections à l'hôpital, reconnaît Mme Heller. Mais la situation actuelle peut être améliorée, en particulier concernant l'hygiène des mains ou les techniques d'épilation des parties à opérer.

Dix hôpitaux se sont d'ailleurs engagés à utiliser systématiquement en chirurgie une check-list visant à éviter ou atténuer l'ampleur d'événements indésirables tels qu'erreurs de site opératoire, infections ou oublis de corps étrangers. Le projet pilote de deux ans auquel ils participent - «Progress! La sécurité en chirurgie» - débute en septembre.

Ses dispositions se fondent sur la check-list émise en 2009 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les recommandations de la Fondation suisse pour la sécurité des patients. Cette liste est déjà utilisée en Suisse, mais son emploi demeure lacunaire.

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