lundi 12 août 2013

Virés pour avoir raconté leur job dans un reportage

Virés pour avoir raconté leur job dans un reportage

Le couple de Portugais entretenant la résidence la plus luxueuse de Lausanne va perdre sa place. Son tort? Avoir été indiscret sur les ondes de la RTS. Quelque 7000 francs net de revenu mensuel et un appartement de fonction dans l’immeuble le plus coté de Lausanne, les Ferreira avaient trouvé la belle vie dont ils rêvaient en quittant le Portugal. Mais un reportage radio de la RTS sur leur métier de concierge de luxe à la Résidence de Bellerive vient de faire capoter ces sept ans de bonheur.

Lui, rétrogradé; elle, congédiée

Suite à la diffusion de ce reportage, Carlos sera rétrogradé au statut d’assistant de son futur remplaçant. Quant à sa femme, Sonia, elle sera tout bonnement virée. Pour couronner le tout, le couple de trentenaires doit vider son nid douillet et leur fillette de 8 ans risque d’être scolarisée dans une autre école, loin de ses amis.

Raison d’un tel cauchemar? Les Ferreira, qui n’ont pas souhaité nous répondre, ont manqué de discrétion lors dudit reportage. Lequel avait été avalisé par le responsable de leur résidence à la gérance Bernard Nicod. «Celui-là même qui les sanctionne aujourd’hui!» souligne Henry Béhard, 74 ans, l’un des rares habitants à défendre ouvertement le couple. «Ma décision n’a rien à voir avec ce reportage», insiste de son côté Jean-Pierre Meylan, responsable auprès de la régie immobilière. Qui met en avant de supposées lacunes professionnelles des Ferreira, tout en concédant que «le reportage est mal passé».

Expliquer au micro que leurs riches employeurs laissent traîner des papiers par terre pour vérifier si le couple fait bien son travail n’était pas des plus adroit. Tout comme de révéler: «Ici les gens jettent beaucoup de belles choses à la poubelle alors, quand c’est intéressant, on récupère!» Mais ce qui les a le plus choqués, d’après Henry Béhard, c’est le passage dans lequel Carlos Ferreira explique avoir arrêté sa scolarité à 14 ans et surtout quand son épouse précise que des propriétaires lui avaient demandé de ne jamais les saluer si elle les croisait à l’extérieur.

«Ce reportage a été la goutte d’eau, déplore Henry Béhard. Certains résidents étaient persuadés de longue date que nos concierges n’aiment pas les riches.» Certains mais pas tous, puisqu’une pétition lancée en leur faveur a obtenu un certain succès. «Mais cela n’a servi à rien, déplore Isabelle Ortmans, une résidente de 56 ans. Je suis choquée qu’on mette dehors des gens honnêtes et dévoués sous un prétexte ridicule alors que plusieurs voisins ont quasi fini leur vie dans leurs bras!»

Lors de l’assemblée de juin, une majorité des habitants a finalement voté pour leur remplacement. Quant à Véronique Marti, journaliste RTS, à qui «Le Matin» a appris les conséquences de son reportage, elle est «surprise et révoltée par cette injustice». (Le Matin)

Créé: 12.08.2013, 13h02

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