lundi 3 septembre 2012

Pierre Maudet réclame un fichier national des détenus

Le conseiller d'Etat genevois estime que la Suisse est encore au 20e siècle en matière d'harmonisation des polices. Problème: la Suisse romande est elle-même à la traîne. Le conseiller d'Etat genevois chargé de la sécurité, Pierre Maudet, n'a pas raté sa rentrée médiatique. Pleines page dans la Tribune de Genève pour définir ses priorités dans la lutte contre la criminalité, pleine page dans le Matin Dimanche où il n'écarte pas l'idée d'une police romande et double page dans la Sonntagszeitung d'hier pour réclamer une collaboration plus intensive entre les polices cantonales suisses.

Dans la presse dominicale alémanique, il se prononce pour une formation harmonisée des policiers suisses. Et il plaide pour l'introduction d'un fichier central des détenus au niveau suisse. «C'est incroyable qu'au 21e siècle, ce fichier n'existe toujours pas. Si je veux savoir si M. Meier est incarcéré à Zurich, je dois envoyer un fax ou un mail. Dans quel monde vivons-nous?»

«Cimetière de projets»

Toujours dans la même interview, le magistrat déplore «le cimetière des projets» au niveau fédéral. Il cite notamment le projet USIS de Ruth Metzler qui visait à une meilleure coordination entre la Confédération et les cantons pour assurer la sécurité intérieure. «Le projet posait de bonnes questions mais n'apportaient pas de solutions réalistes dans notre système fédéral».

La Suisse est-elle trop lente à se coordonner pour lutter contre la criminalité et harmoniser ses procédures? «C’est le fédéralisme qui veut cela», explique Roger Schneeberger, secrétaire général de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP). «Ceci dit, il y a plus de dynamisme qu’il y a 5 ans. Les cantons veulent avancer plus vite et des pistes seront bientôt présentées pour accroître les collaborations.»

Formation éparpillée en Suisse romande

A écouter le secrétaire général, on se dit que les cantons romands doivent déjà balayer devant leur porte car ils sont en retard sur deux dossiers:

Informatique policière: « 22 cantons ont adhéré au projet d’harmonisation de l’informatique policière. Seuls quatre cantons ne l’ont pas encore fait : Genève, Neuchâtel, Argovie et le Tessin. Mais je ne doute pas qu’ils le feront prochainement », déclare M. Schneeberger.

Formation des policiers : «Au niveau des cadres, il n’y a pas de problème d’harmonisation. Les cours se déroulent à Neuchâtel, à l’Institut suisse de police. Pour le policier de base en revanche, la formation n’est pas centralisée. Mais les cantons suisses alémaniques sont plus en avance dans la centralisation que les Romands. On trouve Neuchâtel et Jura d’un côté, Vaud et Valais de l’autre, et Genève a aussi sa propre formation tout comme Fribourg.»

Détenus: un projet bientôt présenté

Pierre Maudet réclame l'introduction d'un registre central des détenus. Où en est-on au niveau suisse? «Le principal problème est de relier toutes les bases de données», explique Roger Schneeberger. «Vous pouvez avoir un détenu qui ne se trouve pas en prison mais dans une cellule sécurisée à l’hôpital. Nous n’allons pas vers une registre central mais vers une mise en réseau des différentes bases de données. Un projet dans ce sens sera présenté la semaine prochaine par l’Office fédéral de la justice. » (Newsnet)

Créé: 03.09.2012, 17h40

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