
Le fait est assez rare pour être relevé: «Pas l'ombre apparente d'un Röstigraben» lors de cette votation populaire, comme le souligne la «Tribune de Genève». Même si «le vert du vote sur l'asile pâlit» au-dessus de la Suisse romande, nuance le quotidien genevois. Pas non plus de clivage ville-campagne, selon le «Quotidien jurassien», qui juge une telle unanimité «rassurante pour la cohésion du pays».
L'idée ne semble donc pas faire un pli: les Suisses ne veulent pas changer le mode d'élection du gouvernement. Même s'ils ne manquent pas une occasion de critiquer le Conseil fédéral, il reste «in-tou-chable», «increvable», analysent «24 Heures» et la «Tribune de Genève». C'est peut-être «paradoxal», mais ça ne devrait pas changer avant longtemps, selon les deux quotidiens lémaniques. Qui en veulent pour preuve que toutes les tentatives de réformes ont «fini à la poubelle».
Pour «L'Agefi», les Suisse restent «attachés à un gouvernement» qui est «représentatif des principales forces politiques et régions du pays». Et le quotidien économique de souligner la crainte d'une perpétuelle incertitude et la difficulté de gérer des dossiers délicats si le gouvernement était élu par le peuple.
Même analyse au «Quotidien jurassien», qui avance la mise en péril de la représentation des minorités, mais aussi de la stabilité politique et économique du pays. Et qui souligne le «pragmatisme» dont ont fait preuve les Suisses: «il est idiot de réformer un système qui a fait ses preuves».
«Banaliser les coups de canifs»
Le oui cinglant aux mesures urgentes de la loi sur l'asile ne trouve pas un écho aussi unanime, loin s'en faut, dans les quotidiens romands. Pour les plus favorables, ce résultat «renforce ce constat de confiance» aux institutions («Agefi»).
Le fait que la révision était défendue par la socialiste Simonetta Sommaruga constitue en outre une sorte de gage de confiance: ainsi, la Tribune de Genève ose l'espoir que «la nouvelle célérité dans le traitement» change «la donne de la politique de l'asile». Même si le chemin sera «truffé de mines». Et de saluer le courage de Mme Sommaruga qui se refuse à «l'angélisme typique de la gauche tout en brisant la logique linéaire du durcissement».
«La Liberté» et «Le Courrier» en revanche n'y vont pas par quatre chemins pour exprimer leur déception, voire leur courroux. Pour le quotidien édité à Fribourg, il s'agit ni plus ni moins d'une «invitation à de prochaines réformes encore plus restrictives» et d'un résultat qui «planera sur la révision fondamentale du droit d'asile déjà engagée par le Gouvernement». Un résultat qui va aussi «banaliser les coups de canifs à ce qui a fait la fierté de la Suisse: sa 'tradition humanitaire'».
Quant au «Courrier», il juge le résultat «cruel», à l'image d'une dégradation politique, économique, sociale et morale, et dont l'UDC profite le plus pour «imposer ses thèmes». Le quotidien indépendant genevois veut continuer de se battre et lance cet avertissement: «Nous serons particulièrement attentifs à l'application des mesures urgentes».
Le «Quotidien jurassien», s'il admet «l'indispensable accélération des procédures», ne parle pas moins d'un nouveau «tour de vis» et déplore lui aussi que la tradition humanitaire du pays n'en sorte «pas grandie». «Comment s'indigner des horreurs commises en Syrie et ne pas accueillir ceux qui risquent leur vie?», interroge le «QJ».
(ats/Newsnet)
Créé: 10.06.2013, 07h12
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