La Suisse vend des armes et ne s'en cache pas

Selon une étude sur la transparence, la Suisse est l'Etat qui communique le plus sur ses ventes d'armes.La Suisse est le pays le plus transparent parmi les principaux Etats exportateurs d'armes légères, selon une étude de l'IHEID publiée mardi. L'Iran, la Corée du Nord, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont eux en queue de la liste.

Selon le rapport de 320 pages «Dangers quotidiens» publié à Genève par l'Institut des Hautes études internationales et du développement (IHEID) et l'Université de Cambridge, les civils possèdent près de 75 % des quelque 875 millions d'armes à feu détenues dans le monde. Environ 526'000 personnes décèdent chaque année des suites de violence, mais seulement 10 % dans des zones de conflit.

Selon le baromètre 2013, la Suisse, la Roumanie et la Serbie sont les pays les plus transparents pour le commerce des armes légères. Suivent les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l'Allemagne.

Le premier pays exportateur, les Etats-Unis, n'arrive qu'au 14e rang, mais précède d'autres grands exportateurs, comme Israël au 31e rang, le Brésil au 42e, la Chine au 44e, ou encore la Russie 47e sur 55 pays. Les quatre pays les moins bien notés, l'Iran, la Corée du Nord, l'Arabie saoudite et les Emirats ont zéro point sur une échelle de 25 (maximum de 20 points pour la Suisse).

La Suisse 5e pays exportateur

Par rapport à l'année précédente, la transparence s'est améliorée dans 14 pays, mais s'est détériorée dans 17 pays. Selon l'étude, la Suisse était en 2010 le 5e pays exportateur d'armes légères et de petit calibre derrière les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Italie et le Brésil. Elle arrive devant Israël, l'Autriche et la Russie.

Le rapport étudie toute une série de données de l'usage des armes à feu hors conflit: de la violence conjugale aux gangs du Nicaragua et à la mafia en Italie en passant par la criminalité en Afrique du Sud, les engins explosifs improvisés, le démantèlement des munitions et les marchés illicites.

Machines infernales

Dans un chapitre intituté «Machines infernales», les experts affirment que les engins explosifs improvisés (EEI), lors d'attentats à la bombe et voitures piégées pour l'essentiel, ont tué et blessé au moins 13'000 civils dans 44 pays en 2011. Le bilan est probablement plus élevé.

La grande majorité des victimes se trouvaient en Afghanistan, en Irak et au Pakistan en 2011, mais, depuis, la Syrie s'est ajoutée à la liste. Les groupes de militants islamistes sunnites sont responsables de l'écrasante majorité des pertes, selon le rapport.

S'il est possible de compliquer la tâche des militants cherchant à se procurer ou fabriquer des explosifs, ces mesures sont difficiles à mettre en oeuvre, en particulier dans les pays les plus touchés, constatent les chercheurs.

Evolution de la mafia italienne

Le rapport contient une étude fouillée sur les homicides imputés à la mafia italienne. Ils ont baissé de 43% entre 2007 et 2010, a indiqué la directrice de la recherche Anna Alvazzi del Frate. Cette diminution est due à l'intérêt croissant des groupes mafieux pour les marchés légaux.

Les meurtres attirent l'attention des forces de police et entravent les activités commerciales légitimes. «Il semble que pour la plupart des groupes mafieux italiens, les risques qu'entraîne le recours à la violence extrême l'emportent largement sur les avantages escomptés», a déclaré Keith Krause, directeur du programme «Small Arms Survey». La plupart des groupes mafieux conservent néanmoins leurs arsenaux.

Violence conjugale

Le rapport affirme par ailleurs que 40 à 70% des femmes victimes de meurtre sont tuées par un partenaire intime. Ce n'est le cas que pour 3% des hommes, tués eux en dehors de leur foyer.

Les données recueillies dans 111 pays montrent que près de 66'000 femmes sont tuées violemment chaque année, qui représentent environ 17% de tous les homicides volontaires. Près d'un tiers de ces féminicides sont commis avec une arme à feu. Le risque de violence conjugale mortelle à l'encontre des femmes augmente avec la présence d'armes au sein du foyer, dont les propriétaires sont pour la plupart des hommes, soulignent les experts.