
Première meute depuis 150 ans
Avec les premiers flocons, les canidés sauvages, installés depuis le printemps dernier sur le massif Calanda (2806 m) qui surplombe Untervaz, sont descendus en plaine. «Huit loups, c’est déjà une meute et c’est la première depuis 150 ans. Elle suit les cerfs et les chevreuils qui cherchent pendant la saison froide des végétaux, dans les champs et les lisières des forêts à basse altitude, où il y a moins de neige», explique Georg Brosi, vétérinaire et inspecteur de la chasse des Grisons. Conséquence, il n’est plus rare aux alentours du village de croiser les prédateurs. «Un matin, à 6 h 45, alors que je me rendais à mon travail en voiture, poursuit Hans Krättli, dans la lumière des phares j’en ai repéré deux qui traversaient la rue.»
La meute est composée de huit individus, les deux parents, «M30» et «F07», et deux jeunes nés au printemps dernier qui ont déjà atteint la taille adulte, et un louveteau plus petit. «Nous ne connaissons pas encore la provenance avec certitude des trois autres loups, il se peut que ce soient aussi des descendants du même couple», explique encore l’inspecteur de la chasse. Quant à ceux qui ont été identifiés avec certitude, ils sont originaires d’Italie et ont passé en 2011 par le Haut-Valais avant de s’installer aux Grisons.
Il n’empêche, même de l’aveu du WWF, les loups qui rôdent près du Mont-Calanda ne sont pas innocents. «Au cours de l’année passée, ils ont causé la mort d’au moins 23 moutons», explique Bruno Zähner, président de l’Association pour une exploitation écologique et sûre des régions alpines mandatée par le WWF (lire encadré). «Dans certains cas, les troupeaux étaient protégés par des chiens bergers, ajoute l’écologiste. Mais un chien ne suffit pas contre une meute, par contre il permet de limiter les dégâts.»
Vue du lobby des chasseurs grisons, la meute n’est pas non plus à prendre à la légère. «Nous avons constaté pendant plusieurs années la présence d’un loup solitaire dans un massif des Grisons: il n’a jamais posé de problèmes aux chasseurs. Par contre, huit loups à la fois, c’est une autre dimension», constate Kurt Gansner de Seewis im Prättigau (GR), nemrod et rédacteur en chef de Schweizer Jäger. Pour le chasseur, la meute représente un danger potentiel. «Cette bande de loups, outre les atteintes aux troupeaux, est aussi un facteur d’insécurité pour les êtres humains. Sans compter le fait qu’elle s’attaque à des proies que nous aimons chasser.»
Vivement les beaux jours
Mais pour l’instant, malgré la peur qui a gagné certains habitants d’Untervaz, la population garde raison. «Jusqu’à présent, les loups n’ont pas attaqué des bœufs ou des moutons, dit encore Hans Krättli. Ils se sont comportés normalement en animaux sauvages et n’ont chassé que du gibier.» Il est vrai, en cette saison, les bovidés et ovidés ne paissent pas dehors. Il n’empêche, une bonne partie des habitants d’Untervaz sera soulagée à l’approche de la belle saison, quand la meute aura repris de l’altitude. (Le Matin)
Créé: 02.02.2013, 07h37
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