vendredi 24 mai 2013

Pour les enseignants romands, Freysinger est hors la loi

L’idée du conseiller d’état UDC valaisan suscite le tollé parmi les enseignants. Le président de la société pédagogique valaisanne n’obéira qu’à des règles supérieures. «Nous n’avons pas à choisir les élèves qu’on nous confie. C’est inimaginable! C’est contraire à la loi de refuser l’accès à l’école.» Didier Jacquier, président de la Société pédagogique valaisanne, se dit avant tout surpris par la prise de position de l’UDC Oskar Freysinger. Le nouveau conseiller d’Etat valaisan a lancé hier l’idée que les enseignants doivent dénoncer les enfants sans-papiers scolarisés.

«Il ouvre un débat qui avait été enterré il y a deux ans par le Conseil fédéral. Ce n’est pas son rôle de nous transformer en délateurs», estime encore Didier Jacquier, enseignant à Vernayaz.

En effet, l’idée de dénoncer les enfants sans papiers dans les écoles afin de lutter contre l’immigration clandestine avait déjà été proposée par un groupe de travail interdépartemental en janvier 2011. Le tollé avait été grand parmi les enseignants qui en appelaient à la «désobéissance civile». George Pasquier, président du syndicat des enseignants romands (SER), tient toujours le même discours.

«Nous n’avons pas changé de position. Oskar Freysinger va à l’encontre de la Constitution. C’est problématique. Et, suite au débat de 2011, le Conseil fédéral avait pris position et admis que le droit à l’éducation des enfants primait», argumente George Pasquier.

Pas de discrimination à l’école

Effectivement, l’affaire avait alors animé avec vigueur le débat politique aux Chambres fédérales, comme dans la presse. Ainsi, en réponse à une motion du Vert genevois Antonio Hodgers, le Conseil fédéral expliquait: «les enfants peuvent fréquenter l’école de base en Suisse, quel que soit leur statut. Les cantons sont tenus en vertu de l’article 62 de la Constitution fédérale de pourvoir à un enseignement de base suffisant ouvert à tous les enfants en évitant la discrimination.» Et cela en plus de l’article 19 de la Constitution fédérale qui explicite le droit à un enseignement de base suffisant et gratuit.

L’idée d’Oskar Freysinger est donc accueillie plutôt fraîchement parmi les instances syndicales de Suisse romande. «De mon côté, je ne parlerais pas de désobéissance, mais au contraire d’obéissance à des règles supérieures éthiques, morales mais aussi légales. La Suisse a notamment ratifié la Convention des droits de l’enfant. Quand bien même Oskar Freysinger est un magistrat, c’est un homme seul qui avance une idée indéfendable. La question ne se pose donc pas», conclut le Valaisan Didier Jacquier. (Newsnet)

Créé: 24.05.2013, 15h02

0 comments:

Enregistrer un commentaire